Colloque – Psychiatrie, mon amour!

Sur l’invitation du Dr. Didier Bourgeois, je me suis rendue au colloque « Psychiatrie, mon amour! » le 20 et 21 septembre 2019, au CHU de Montfavet (84).

Ce fut un exposé de l’histoire de la psychiatrie, mais également de ses horizons. Une revue de l’institution et de ses déboires, de la survie de l’humanisme à l’époque de l’asile. La seconde journée était destinée à décrire les horizons de la psychiatrie de demain et de ses crises actuelles.

Les intervenants du jeudi 20 septembre 2018:

  • Pr. Didier Bourgeois : « Introduction à la problématique du colloque ; vignettes cliniques de l’Amour… et de la psychiatrie« , déclaration d’amour à l’institution et l’humanisme, exposé du parcours de ce psychiatre, militant depuis sa première année de médecine. Rapide vue du cursus politique et du statut des hôpitaux psychiatriques depuis son entrée en fonction et des mouvements militants qui ont accompagné les crises d’hier, jusqu’aux crises d’aujourd’hui. Présentation du bâtiment « Camille Claudel » dédié à l’Art-Thérapie, en hommage à l’artiste défunte sur le site CHU de Montfavet.
  • Dr Catherine Deshays : « Posture phénoménologique en psychiatrie, ouverture à l’Amour?« . Auteure de l’ouvrage Trouver la bonne distance avec l’autre (Grâce au curseur relationnel), elle nous expose comment, dans une approche dynamique Gestalt, elle s’ouvre à l’expression d’une émotion, de l’ici et maintenant face au patient pour lui renvoyer un reflet de ce qu’il partage. C’est une posture théorique que je ne connaissais pas, j’ai autant à coeur l’éthique que l’alliance thérapeutique, et j’ai eu plaisir à découvrir comment la non-neutralité dans un entretien clinique pouvait être exploitée à des fins thérapeutiques. Une manière de sortir de l’approche psychanalytique du contre-transfert sans annihiler le ressenti du thérapeute lors de cette rencontre que constitue l’entretien clinique.
  • Dr J.-Y. Feberey : « Psychiatrie, le temps du désamour?« . Cette intervention consistait à considérer la place des soignants, avec la lecture du Journal d’une femme de chambre et de la capacité d’innovation dont ils doivent faire preuve pour conserver la dignité des patients hospitaliers. C’est une ode à l’évaluation qualitative (militantisme anti-quantitatif), une ballade à l’humanisme et une bouffée de militantisme. Avec un fort rappel de la place que les infirmier.ère.s occupent dans l’institution, mais également auprès du malade qui ne peut se payer le luxe de voir le psy à sa guise dans un système étriqué!
  • L’éminent Pr. Ph. Jeammet : « Les folies émotionnelles, entre créativité et destructivité« . Intervention très intégrative sur la place de la neuropsychologie, des conceptions multidimensionnelles et de l’évaluation psychométrique dans l’humanisme d’aujourd’hui. Il incite les professionnels de la santé mentale à considérer les différentes approches comme complémentaires et cesser le « clivage convictionnel » tant prégnant entre TCCistes et Psychanalystes. Pour lui, la neuropsychologie est l’avocat du diable sur des populations explosives comme les adolescents difficiles, les états-limites, les victimes-agresseurs. Ces personnes porteuses d’une symptomatologie bruyante, où le passage à l’acte suicidaire ou hétéro-agressif sont le mode d’expression d’une souffrance que la science seule ne peut infiltrer et que l’éthique seule ne peut apaiser.
  • Pr. H. Chaffai-Salhi : « L’asile revisité« . Psychiatre retraitée d’Alger, elle nous explique les conditions déplorables des asiles d’antan dont les prisons n’ont rien à envier. Son intervention permet de mesurer l’ampleur du chemin parcouru pour humaniser les malades psy.
  • Dr. A.-S. Cohen : « 2018 – 50 ans d’amour pour toi, psychiatrie publique« . Dr Cohen déclare à son tour sa flamme à la psychiatrie, à ses patients et ses soignants, ses collègues. Il nous explique comment, après tant de combats, il devient difficile de « passer le flambeau » aux jeunes psychiatres qui n’ont pas les épaules pour supplanter les gestionnaires. Il faut jouer des coudes pour se faire entendre dans une institution malade de moyens. Dr. Cohen s’approche de la retraite avec une forte appréhension du devenir de la psychiatrie, la peur de perdre l’humanisme durement acquis!
  • Dr. J.-L. Metge : « Histoire d’amour à Montfavet« . Militant humaniste, Dr. Metge entre en psychiatrie avec une thèse sur la psychiatrie démocratique italienne. Ce jour, il nous porte une « pause clinique » pour adoucir nos coeurs. Deux amants d’une hospitalisation d’une vie.

Intervenants du vendredi 21 septembre 2018 :

  • Dr. Olivier Fossard et Dr. Samia Lahya : « Pourquoi nous aimons le psycho-trauma?« . Intervention militante du psycho-trauma pour exposer la grande crise de notre Ère : Nous ne diagnostiquons pas le trauma comme il se doit, nous ne savons pas le prendre en charge, pourtant, l’exposition aux événements traumatiques concernent 72% des tout-venants d’hospitalisations (internes/externes). Cette intervention était la plus importante pour moi, car c’est le noeud de mon projet professionnel. Je suis contente car j’ai pu intervenir pour compléter certains aspects. L’exposé de l’impuissance des méthodes non scientifiques a été bien accepté, car il s’ensuivait d’un décorticage minutieux des mécanismes neuropsychologiques du psychotraumatisme et d’une dédramatisation des phénomènes dissociatifs d’origine traumatiques.
  • Mme N. Michon : « Aime-t-on ses patients?« . Une intervention psychanalytique novatrice anti-neutralité. La posture du clinicien qui doit accepter l’existence d’une affection pour ses patients tout en veillant à ne pas s’y livrer. Ce que j’ai apprécié dans cette intervention, c’est surtout qu’il faut arrêter de se voiler la face, peu importe de quel courant nous sommes, c’est notre amour pour l’humain qui nous guide vers la clinique.
  • Dr. Roland Coutanceau : « Amour et violences, le défit de l’intimité« . Encore de la victimo! Chouette! Nous avons eu des vignettes cliniques pour montrer que « ce n’est pas si simple » la violence conjugale. Comment la psychiatrie détruit-elle l’amour? Comment l’amour peut-il surmonter la psychiatrie? Les mécanismes du passage à l’acte agressif, par un psychiatre renommé pour son expertise psycho-légale.
  • Dr. D. Dassa : « Du microbiote à l’affect« . J’ai adoré cette conférence, pour la simple et bonne raison que je vois fleurir en éthologie de nombreux écrits sur l’impact du microbiote sur le comportement animalier, que j’adore les travaux menés en agro-foresterie sur la place des mycorhizes sur la communication entre les organes de la forêt, mais également sur les micro-organismes efficaces en immunologie. Alors l’impact de nos micro-organismes sur la psyché, ça m’a immédiatement emballée. Depuis je lis ponctuellement sur le sujet comme un divertissement aussi excellent que la génétique!
  • C. Gros (Cadre infirmier) : « Formation, le désamour?« . Alerte de ce cadre infirmier sur la nécessité de formation pour les soignants, psychologues et médecins. Je plussoie mille fois son intervention!
  • Dr. H. El Ouahchi : « Nouvelles passions thérapeutiques. Comment le recours à un dispositif technique peut modifier la pratique psychiatrique?« . Introduction à la sismothérapie, les résultats de la rTMS et l’électroconvulsivothérapie comparé aux anti-dépresseurs qui sont nombreux à avoir un effet en dessous de l’effet placebo.
  • Dr. J.-L. Griguer : « Approche phénoménologique de l’articulation de la question de l’amour et de celle de l’être« . Prose philosophique existentialiste et phénoménologique sur l’amour.

Marc Simeliere a exposé ses oeuvres lors du colloque.

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Posté le

1 avril 2019